Contexte
Depuis longtemps, les migrations humaines ont été accompagnées d’introduction d’espèces, volontaires ou fortuites. Plus récemment, le développement du commerce international a favorisé un flux croissant de personnes et de marchandises entre les pays et les continents. Ainsi, des espèces exotiques sont importées à des fins commerciales ou comme espèces d’ornement. C’est le cas de nombreuses espèces animales et végétales qui peuplent nos cours d’eau.
Les espèces exotiques envahissantes communément appelées « invasives » semblent avoir des traits biologiques communs :
- une capacité de reproduction ou de multiplication importante ;
- un développement rapide les rendant très compétitives par rapport aux autres espèces ;
- une capacité d’adaptation forte et une résistance importante aux perturbations ;
- une absence ou un nombre restreint de prédateurs naturels.
Par déduction, on comprend bien que la reproduction et l’expansion de certaines de ces espèces exotiques envahissantes sur le territoire d’accueil peuvent engendrer de nombreux impacts, et notamment sur le milieu naturel. Elles sont d’ailleurs considérées comme l’une des principales causes de l’érosion de la biodiversité mondiale.
Face à ce constat, des dispositions internationales et nationales ont été prises afin de prévenir ces introductions et de gérer les espèces présentes. Ainsi, sur le territoire Français, les syndicats de rivières et autres établissements portant la compétence GEMAPI ou encore les fédérations régionales et départementales de lutte contre les organismes nuisibles interviennent sur cette thématique. Leur objectif est de diminuer les impacts de ces espèces sur la santé humaine, les milieux naturels et notamment les milieux aquatiques ainsi que sur la faune et la flore locale associée.
Les interventions sur le bassin de la Seugne
Intervenir, mais pourquoi ?
Depuis une quinzaine d’année, suite au développement d’une plante nommée Jussie (Ludwigia sp.), les anciens syndicats du bassin de la Seugne s’intéressent à cette problématique et interviennent en arrachant manuellement la plante considérée.
Cette plante aquatique vivace, d’origine américaine, aux longues tiges horizontales avec des fleurs jaune vif à 5 pétales, se développe aisément dans les eaux stagnantes ou faiblement courantes (plans d’eau de faible profondeur, parties lentes des cours d’eau, fossés, …) présentant un ensoleillement régulier. Ainsi, l’absence de végétation sur les berges d’un cours d’eau est un facteur favorable à son implantation.
L’impact de la Jussie est multiple :
- Entre en compétition avec les espèces présentes et prend leur place.
- Génère un déficit en oxygène pour le milieu aquatique (lorsque les herbiers se décomposent) qui devient néfaste voir mortel pour la faune endémique.
- Diminue la luminosité (étalement des herbiers sur la surface de l’eau) et provoque une diminution de la biodiversité.
- Constitue une gêne pour l’écoulement de l’eau et accélère le stockage des sédiments et de la matière organique morte.
- Par conséquent, altère l’activité biologique et la qualité physico-chimique de la rivière.
- Impacte les activités humaines (pêche et sports nautiques).
Les opérations du SYMBAS
A ce jour, les foyers de Jussie restent présents sur les divers bras de rivière et le Syndicat Mixte du Bassin de la Seugne perpétue cette opération d’arrachage annuellement, à la période estivale, lorsque la plante émerge de l’eau.
Les espèces exotiques envahissantes se développent préférentiellement sur des milieux perturbés. Ainsi, les interventions de restauration des milieux aquatiques menées par le SYMBAS participent au développement d’une flore endémique qui viendra concurrencer cette plante invasive.
L’utilisation de produits chimiques ou même de chaux est totalement interdite sur les milieux aquatiques. Ces techniques anciennement employées ne sont pas sélectives, restent très agressives pour le milieu et engendrent des dégradations parfois irréversibles. Qui plus est, elles ne sont pas efficaces pour éradiquer la plante sur le long terme mais à l’inverse diminuent la compétition avec les autres espèces par éradication de la flore locale.
L’arrachage mécanique est quant à lui à proscrire car il participe à la dispersion et au bouturage de la plante considérée.
D’autres plantes exotiques envahissantes
D’autres espèces exotiques envahissantes se développent sur nos cours d’eau :
Quelques animaux exotiques envahissants
A l’inverse des plantes, les animaux exotiques envahissants ne sont pas gérées par le SYMBAS. D’autres acteurs du territoire et notamment les fédérations de lutte contre les organismes nuisibles se chargent de réaliser suivis et opérations de régulation de certaines de ces espèces.
D’autres espèces bien connues du public, comme l’écrevisse de Louisiane, le poisson-chat ou encore la perche soleil sont présentes en nombre sur le territoire. Ces espèces, pour lesquelles il est trop compliqué d’élaborer des stratégies de gestion, circulent librement dans nos cours d’eau et concourent à leur dégradation.